Taoussi, local et low cost
Les sélectionneurs passent, et les mauvais résultats persistent. Le remplacement d’Eric Gerets par Rachid Taoussi, s’il aura certainement permis à la Fédération royale marocaine de football de faire de substantielles économies, n’a en rien infléchi la trajectoire des Lions de l’Atlas. Des promesses, des embellies passagères et, sur le long terme, des résultats encore et toujours médiocres voire franchement catastrophiques, comme ce fut le cas dimanche en Tanzanie, où les partenaires d’Abdelaziz Barrada sombrèrent dès le premier but concédé pour finalement s’incliner (3-1). Si l’avenir de Rachid Taoussi n’est pas encore officiellement tranché, le Maroc a d’ores et déjà dit adieu à la Coupe du monde 2014 – avec 5 points de retard sur la Côte d’Ivoire et 4 sur la Tanzanie, les Lions sont largués dans le groupe D. De quoi cet échec est-il le nom ? Footafrica365.fr vous livre des éléments de réponse.
Depuis sa prise de fonction, à l’automne dernier, en lieu et place d’Eric Gerets, Rachid Taoussi a échoué à dégager une équipe type. Qualifiant souvent le Maroc d « équipe en construction », l’ancien coach du MAS de Fès n’a pas donné l’impression de poser des fondations solides. Au contraire, le technicien a beaucoup tâtonné : dès son premier match, ce barrage retour à la vie à la mort face au Mozambique, il lançait le totalement inexpérimenté Aqqal… avant de le remplacer dès la pause par Assaïdi. Cette volte-face n’est pas la seule à avoir émaillé les quelques mois de Rachid Taoussi au poste de sélectionneur. Certes, les blessures ne favorisent pas forcément la stabilité, mais la décision de donner la priorité ux joueurs locaux après la CAN (avec 16 joueurs de Botola convoqués pour le déplacement en Tanzanie) n’aura pas favorisé ladite stabilité.
Entraîneur passé, avec un succès certain, sur les bancs des plus grands clubs du pays, Rachid Taoussi aurait-il surestimé la qualité du Championnat marocain ? La priorité donnée brutalement aux joueurs locaux semble en tout cas relever d’un choix plus politique que sportif. Selon nos sources proches de la sélection, il s’agissait dans l’esprit du coach de mettre en avant des vertus de discipline et de solidarité, parfois moins évidentes chez les joueurs binationaux. A mots couverts, Rachid Taoussi ne dit pas autre chose dans sa récente interview au site arabophone kifache.com. « Le premier point positif qu’on a atteint c’est qu’en cas de victoire ou de défaite, il n’y a plus jamais de problèmes au sein du groupe, on a su instaurer le respect même après les défaites, on peut dire qu’on a nettoyé la maison de l’équipe nationale », déclare celui qui est encore le sélectionneur du Maroc.
Problème : aussi louable soit leur état d’esprit, beaucoup des joueurs convoqués pour affronter la Tanzanie n’ont tout simplement pas le niveau international. Rachid Taoussi semble avoir oublié qu’il doit sa nomination à une défaite similaire au Mozambique, où Eric Gerets avait déjà eu le tort de faire confiance à une défense au trois quarts locale. Mêmes causes, mêmes effets… Quant au malheureux Hamza Abourazzouk, il doit certes sa promotion aux saisons blanches à répétition de Marouane Chamakh et Mounir El Hamdaoui, mais comment justifier de ne pas avoir lancé Youssef El Arabi plus tôt dans un tel match ? Interrogé après la renconre sur cette faillite collective et individuelle, Rachid Taoussi avait chargé ses joueurs, indiquant en substance qu’il ne pouvait marquer à leur place. Vraiment ?
La mise à l'écart de Kharja
Après avoir gagné deux points en 2012 quand Eric Gerets était encore aux commandes, le Maroc a terminé la phase aller des éliminatoires du Mondial 2014 par une défaite synonyme, sauf miracle inédit, d’élimination. Rachid Taoussi a-t-il su mettre tous les atouts du côté des Lions de l’Atlas ? On peut en douter : l’équipe nationale olympique avait montré de belles promesses lors des JO de Londres 2012. Or peu de ses meilleurs éléments n’ont depuis eu droit, ne serait-ce qu’en match amical, aux honneurs de l’équipe A. Quant au « taulier » historique, Houssine Kharja, qui fut encore de loin le meilleur élément de son équipe à la CAN 2012, il n’est plus appelé par le nouveau maître de lieux.
A la grande déception, teintée de dégoût, de l’intéressé : « Après notre défaite au Mozambique (0-2), j'étais hyper joignable, on arrivait à me joindre. On m'avait demandé de motiver les troupes, et de dire aux joueurs que nous pouvions renverser la situation au retour (4-0 pour le Maroc). A ce moment là, tout le monde avait mon téléphone. Nous nous sommes qualifiés et puis plus de nouvelles, même pas un SMS », nous expliquait-il en décembre dernier, avant d’accuser le nouveau sélectionneur. « C'est un peu lâche, d'autant que [Rachid Taoussi] a peu sali mon image au Maroc, en disant je ne répondais pas au téléphone. Ce qui a fait croire à tout le monde que je n'allais pas être retenu pour des raisons disciplinaires. »
Sans Houssine Kharja, les Lions de l’Atlas furent une fois de plus éliminés au premier tour de la CAN. Déjà hors du coup pour la qualification au Mondial 2014, le Maroc n’a plus que « sa » Coupe d’Afrique, en 2015, pour entrevoir des jours meilleurs. Sans doute sans Rachid Taoussi, qui a probablement grillé en Tanzanie son dernier joker.
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