Série A 2006/2007 : Tous contre l'Inter ?
Il va reprendre sans encombre. "Il", c'est le Championnat d'Italie - le 103ème du nom, le 75ème depuis la création de la Serie A - qui débutera ce week-end. Et la chose tient presque du miracle si l'on pense à la situation du football italien en mai dernier. Le Calcio était alors touché de plein fouet par le plus gros scandale de son histoire, celui des écoutes téléphoniques qui ont révélé le vaste et tentaculaire système mis en place par Luciano Moggi. Contrôle des arbitres, connivence entre dirigeants de club et cadres fédéraux, pressions multiples : rien n'avait été épargné aux tifosi. Plusieurs grosses écuries étaient impliquées directement (Milan AC, Fiorentina, Juventus, Lazio) et la Nazionale avait vu sa préparation à la Coupe du monde perturbée par des convocations de joueurs (Cannavaro et Buffon, ce dernier pour une affaire de paris clandestins) et même du sélectionneur, Marcello Lippi. On connaît la suite : au plus fort de la tempête, celui-ci parviendra à souder admirablement son groupe, se servant des évènements contraires pour motiver ses troupes. L'Italie sera sacrée championne du monde pour la quatrième fois de son histoire, le 9 juillet à Berlin, contre à la France. L'euphorie de la victoire n'empêchera pas la justice sportive d'infliger de lourdes sanctions : c'est ainsi qu'après avoir risqué la Serie B Fiorentina et Lazio devront entamer le prochain Championnat de l'élite avec un handicap respectif de 19 et 11 points, que le Milan AC partira avec - 8 points. Et surtout que la Juve aura, pour sa part, été expédié au purgatoire, avec une pénalité de 17 points en supplément. Ces lourdes punitions ont-elles été acceptées sans broncher par les clubs ? Pas le moins du monde. Et c'est pour ça que l'on a craint que la Serie A et la Serie B, dont la reprise avait été programmée dans un premier temps le 27 et le 28 août avant d'être repoussée de quinze jours, ne soient bloquées par des recourds à des tribinaux civils (tribunal administratif, Conseil d'Etat, Cour de justice européenne, etc..). Les menaces de la FIFA, la médiation du CONI et de la FederCalcio auprès des dirigeants des clubs en question ont fini par les en dissuader. Ils devraient tous obtenir une réduction de leur pénalité en points d'ici à quelques semaines.
Cela va-t-il avoir une incidence sur la prochaine saison ? Bien entendu ! A l'heure de la rentrée des classe l'élève assis au premier rang, celui qui brigue les plus belles récompenses, est évidemment l'Inter. Evidemment ? En effet, les Nerazzurri sont ceux qui ont fourni le plus impressionnant effort de recrutement. Massimo Moratti a encore cassé sa tirelire : 45 M€ en tansferts, dont 24,8 M€ pour Ibrahimovic et 9,5 M€ pour Vieira (tout les deux en provenance de la Juve). Le champion du monde Fabio Grosso (Palerme) a également débarqué du côte d'Appiano Gentile, la base d'entraînement de l'Inter, tout comme Crespo (Chelsea), Maicon (Monaco) et Dacourt (Roma). Mancini dispose de deux éléments de grande valeur à chaque poste. L'Inter va-t-il donc s'offrir une promenade de santé ? Pas si sûr. D'abord, parce que le club milanais aura toute la pression sur les épaules. Ses supporters ne concevraient pas que le titre lui échappe alors que la Juve est en Serie B, la Fiorentina et le Milan AC pénalisés. Il leur faut ce Scudetto. Car celui attribué sur tapis vert par le commissaire extraordinaire de la Fédération, Guido Rossi (un ancien membre du conseil d'administration du club...), ressemble à un cadeau empoisonné : les Nerazzurri sont victimes des sarcasmes de toute l'Italie et se doivent de confirmer leur suprématie sur le terrain. Ensuite, il convient d'honorer la mémoire de Giacinto Facchetti, leur président, décédé lundi dernier. La prudence reste de mise. Tout le monde est bien conscient que l'effort financier de Moratti n'a rien d'exceptionnel : c'est une constante depuis le rachat du club en 1995. Et les résultats n'ont jamais été à la hauteur des investissements. Et puis, les nouveaux seront-ils fidèles au rendez-vous ? Mancini va-t-il disposer du Vieira "atomique" du Mondial 2006 ou bien du joueur au rendement moyen des dix derniers mois à la Juve, handicapé par une pubalgie et incapable de maintenir le standing de ses débuts en bianconero ? Admirera-t-il le génial Ibrahimovic de sa première saison bianconero, voir celui du but d'anthologie à la Roma à l'automne 2005, ou plutôt le bougon du printemps 2006. Si l'Inter montre des signes de faiblesse (comme cela a déjà été le cas en Supercoupe d'Italie gagnée 4-3 face à la Roma après avoir été mené 0-3), la Roma, renforcée par Pizarro et Vucinic, pourrait bien en profiter. Tout comme le Milan AC : après tout, huit points de pénalité, ce n'est pas énorme quand on sait que les Rossoneri avaient terminé avec 12 points d'avance sur l'Inter en 2005-06, avant de perdre 30 points à cause du scandale Moggi. Mais les hommes d'Ancelotti devront auparavant avoir digéré le départ de Chevtchenko. Cela va faire tout drôle de suivre la Serie A sans l'Ukrainien, habitué de l'élité depuis sept ans. Mais aussi sans Lilian Thuram, parti en Espagne après dix saisons passées dans la Botte. Sans parler des autochtones Cannavaro et Zambrotta. Le Championnat d'Italie change. Et se rajeunit. Prenez les entraîneurs, ils sont treize sur vingt à avoir moins de cinquante ans et parmi eux, cinq ont moins de quarante-cinq ans. Le cadet de la bande, Marco Giampaolo (Cagliari, 39 ans) est plus jeune que certains joueurs encore en activité en Serie A, tels que Costacurta (40 ans), Pagliuca (40 ans, qui signe son retour en SA en signant à Ascoli) et Ballotta (42 ans). Mais la sensation la plusforte est sans nulle doute l'absence de la Juve. Une Juve qui va jouer en Serie B avec une équipe monstrueuse (Trezeguet, Del Piero, Buffon, Camoranesi, Bojinov, Nedved, Marchionni, etc...), transformant cette division en une sorte de Serie A2. Il est vrai que la Serie B 2006-07 pèse 46 Scudetti, contre 47 (!) à la Serie A, et 17 millions de tifosi entre Juve, Naples et Genoa : du jamais-vu !
Source : Article de Roberto Notarianni dans le France Football n°3152 bis du 8 Septembre 2006
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As Far Forever.
