L'Espagne s'inquiète de voir la Liga supplantée par la Premier LeagueMADRID (AFP) — Plus personne ne nie l'évidence en Espagne: la Liga, longtemps considérée par beaucoup de ses observateurs comme le meilleur championnat du monde, est désormais à la traîne de la Premier League anglaise, largement dominatrice en Europe.
L'Espagne n'a placé qu'un club en quarts de finale de la Ligue des champions cette saison, le FC Barcelone (qui joue mardi contre Schalke 04), exactement comme la saison dernière, avec Valence (éliminé par Chelsea).
Cette saison, l'Angleterre a quatre représentants (Arsenal, Liverpool, Chelsea et Manchester United) en quarts de finale après avoir eu trois clubs en demi-finales la saison dernière (même si le vainqueur final fut italien: l'AC Milan).
Le Real Madrid, champion d'Espagne en titre et leader du Championnat, n'a plus vu les quarts de finale depuis la saison 2003-2004...
"Le Real Madrid et le Barça sont des grands en Espagne mais des enfants en Europe, ce qui a mis fin à notre hégémonie internationale", observait l'Argentin Jorge Valdano, ancien joueur et ancien entraîneur du Real Madrid, dans une récente chronique pour le journal Marca.
"La Ligue des champions nous montre la vérité: le grand football se joue en Angleterre", ajoutait Valdano, qui a lancé Raul en Liga.
Un éditorialiste du même journal estimait récemment avec malice que la "Liga de las Estrellas" (Ligue des Etoiles), nom donné au Championnat d'Espagne, était une légende urbaine, au même titre que les crocodiles des égouts de New York.
"Avant, la Liga espagnole était la meilleure. Maintenant la Premier League est le championnat le plus fort en Europe. Il n'y a pas de doute", assure de son côté l'entraîneur de Manchester United, Alex Ferguson.
"Je me rappelle qu'il y a huit ans les Espagnols avaient le Real Madrid, Valence, et le FC Barcelone en demi-finales (1999-2000; victoire du Real face à Valence en finale), poursuit le technicien écossais. Cela a changé, les clubs anglais ont fait mieux".
Comment expliquer cette passation de pouvoir, l'Italie ayant eu son heure de gloire en 2002-03 (la Juventus, l'Inter et l'AC Milan en demi-finales)? "Ce n'est pas un hasard. Les clubs anglais ont aujourd'hui le plus gros potentiel économique", souligne l'entraîneur de l'Espanyol Barcelone, Ernesto Valverde. "Ils peuvent recruter n'importe quel joueur et cela se voit sur le terrain. Nous sommes devant un changement significatif".
Aujourd'hui, deux des meilleurs joueurs espagnols, Cesc Fabregas et Fernando Torres, jouent en Angleterre: le premier à Arsenal, le second à Liverpool.
Torres, l'un des joueurs les plus "vendeurs" à l'étranger, a quitté la Liga l'été dernier pour la somme record pour Liverpool de 36 millions d'euros.
L'Inter Milan était sur les rangs mais le joueur rêvait d'Angleterre. Il a eu raison: il est le premier "Red" depuis Robbie Fowler (1995-96) à dépasser la barre des 20 buts en Championnat.
Une autre star de la Liga, le latéral brésilien du FC Séville Dani Alves, rêvait de la patrie des Beatles. Chelsea passait avant le Real Madrid ou le FC Barcelone. Mais le président José Maria del Nido ne voulait pas entendre parler d'un transfert à moins de 40 millions d'euros et le joueur est finalement resté.
"Je pense que c'est une situation conjoncturelle, marquée par les revenus de la télévision", avance l'entraîneur d'Almeria, Unai Emery, pour expliquer la nouvelle hiérarchie du football européen.
"La différence avec l'Espagne est actuellement énorme, assure-t-il. Je parie qu'on aura une finale anglaise en Ligue des champions."
Le Real reprend la mainAlors que l'on croyait la Liga relancée la semaine dernière, le Real Madrid s'est de nouveau positionné en favori à sa propre succession. Les Merengue ont battu ce dimanche le FC Séville (3-1), lors de la 30e journée, et ont repris six points d'avance en tête du classement. Opposé samedi à l'autre club sévillan, le Betis, Barcelone a sérieusement hypothéqué ses chances de remporter le titre. Battus 3-2, les Catalans se voient même souffler la deuxième place par Villarreal, large vainqueur de l'Atletico Madrid (3-0).