Jamais un entraîneur n’a été aussi franc et aussi sincère que l’était Fakhir, le coach national lors d’une conférence de presse donnée aux seuls journalistes marocains. Après avoir souhaité la bienvenue à tous, Fakhir nous déclara qu’il tenait cette conférence pour expliquer à l’opinion publique, les étapes parcourues depuis sa prise en main de l’équipe nationale, et mettre au clair certaines choses.
En homme bien organisé il présenta une chronologie des faits depuis qu’on l’avait contacté jusqu’à ce jeudi. Dans un second volet, il nous présenta ses objectifs et ce qu’il comptait entreprendre durant ses deux années de contrat.
Voici ci-dessous le contenu de cette chronologie et les objectifs à atteindre tels qu’ils nous ont été présentés par M’hamed Fakhir.
Le 30 décembre 2005, il a été contacté par la Fédération pour prendre en main le onze national. Il était à ce moment-là en concentration avec l’équipe des FAR qui devait rencontrer l’UTS. Tel que cela lui a été proposé, il n’a pas hésité une seconde : « Je l’ai fait par patriotisme, j’ai accepté pour désamorcer une bombe et pour sauver ce qu’il y avait à sauver », nous déclara-t-il.
Le dimanche 1er janvier 2006, il tient une réunion au siège de la Fédération avec les staffs administratif et technique. On parle de contrat mais rien de bien précis.
Le lundi 2 janvier, il fallait convoquer les joueurs, le choix était quelque peu difficile. « Car après que la fédération avait pris M. Troussier pour entraîner, j’ai été déconnecté je n’ai pu suivre l’évolution des joueurs, en p lus j’étais en pleine concentration avec l’équipe des FAR qui jouait la Coupe d’Afrique :
A la difficulté des choix des joueurs s’ajouta celle du lieu de concentration aux Emirats Arabes Unies tous les hôtels étaient complets car il n’y avait un événement international. Au Qatar ce n’était plus possible, car avec le départ de M. Troussier l’hôtel qui avait été réservé s’est décommandé (il ne savait pas si on allait s’installer là-bas ou non).
A Chypre on n’avait pas trouvé de matchs amicaux. Finalement on a opté pour le centre de Maâmora. Le temps pressait nous expliqua Fakhir. Le 3 janvier, c’était la présentation de M’hamed Fakhir et la démission d’Aouzal et Amor s’ensuivirent par la suite les négociations du contrat et l’organisation des matchs amicaux. Il fallait ensuite contacter les joueurs choisis et essayer de superviser les adversaires à la CAN. Mais son premier adversaire, c’était le temps dira-t-il. Et avec le manque de temps, le pourcentage d’erreur devient plus grand, « on a paré au plus pressé » a-t-il déclaré.
Le 5 janvier, accueil des joueurs, ils arrivent par petits groupes, cet accueil aura duré jusqu’au 8 janvier, ce qui laissa peu de temps aux entraînements et au travail de fond. Le 9 janvier le onze national jouait le Congo en amical. Le lendemain, il devait donner la liste définitive à la CAF.
« En 90 minutes, il est impossible d’être objectif pour juger un groupe de joueurs », ajoute-t-il.
Le mardi 10 janvier son contrat est signé. C’était la veille de l’Aïd, les joueurs ont eu 2 jours de repos. Le 12 départ à Marrakech pour y jouer le Zimbabwe.
Le 13, l’entraînement était léger ce qui est normal à la veille d’un match, le 14 janvier match contre le Zimbabwe et là quelques joueurs sont blessés (Ouaddou, Zaïri, Sefri, Aboucharouan...). Le 16 retour à Rabat, puis un 3ème match contre l’Angola. « En 10 jours c’est un peu trop pour des joueurs dont 65% de l’effectif manque de compétition ne jouant pas avec leur club. Or ne pas les faire jouer, serait ajouter à ce manque de compétition, les faire jouer me posait le problème de la récupération. C’est un vrai dilemme. D’autre part, j’étais conscient que la presse et le public voulaient des résultats positifs. Or pour avoir un résultat, il faut de l’engagement de la part des joueurs. Mais s’ils s’engagent trop ils risquent des blessures à cause de la fatigue qu’ils ont accumulé. Je pense que du 9 au 28, période de préparation, un match tous les 3 jours avec toutes les contraintes que cela engendre (voyage, récupération, travail léger...), connaître ses joueurs, je ne les connais pas bien, les préparer convenablement, cela demande plus de temps, beaucoup plus que je n’en ai eu. Trouver l’équipe type, le schéma tactique des joueurs et des adversaires cela demande des semaines et des mois de travail.
La plus coûteuse des dépenses, c’est la perte du temps. Une équipe aussi prestigieuse que celle du Maroc. Ça se prépare longtemps à l’avance.
Malgré ce manque de temps, on a tout fait pour être à la hauteur durant cette CAN 2006. On a manqué d’efficacité et surtout de chance contre la Côte d’Ivoire. Je ne me cache pas derrière tout cela, mais c’est la vérité, j’assume. J’ai commis des erreurs peut-être lors des deux matchs précédents, mais je suis un être humain ».
Plaida M’hamed Fakhir et c’est tout à son honneur de nous avoir révélé tout le scabreux parcours de cette préparation non moins scabreuse. Il aura le mérite d’avoir été franc et sincère.
Quant à ces objectifs, ils se résument à ceci :
- Qualification aux Jeux Olympiques 2008.
- Construire une équipe nationale avec des joueurs locaux (en plus de celle qui existe avec les « pros ») motiver les joueurs par des matchs amicaux et leur donner la chance de percer.
Il terminera cette plaidoirie toute logique et objective par les larmes aux yeux : « Je vous tends la main, aidez-nous à construire une grande équipe nationale, ne nous détruisons pas mutuellement. Essayons de construire un beau onze national ensemble avec le public marocain ».
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As Far Forever.